Actualités MM 234 – Février 2021
© Par François BLANCHET
Les USA célèbrent leurs forces d’innovation
L’US Mint (Monnaie américaine) relance sans cesse de nouvelles séries destinées à célébrer telle ou telle caractéristique des états américains. Jusque-là, on était plutôt dans les sites touristiques ou les paysages les plus connus. Désormais, elle promeut pour chaque état ce qu’elle considère comme son apport majeur au progrès sur des pièces d’une valeur faciale de 1 $ (26,49 mm, 8,1 grammes). Quelques exemples : pour le Massachusetts, c’est Graham Bell et son invention du téléphone ; pour le Connecticut « l’échelle variable de Gerber » ; pour le Maryland, le télescope « Hubble »… Cette série est destinée à durer plusieurs années car tous les différents états y seront représentés. Elle complète la série dite « the beautiful quarters program ».
Une nouvelle pièce d’une Livre à 12 pans
Suite à la présentation de la première pièce bimétallique d’une valeur faciale de 1 £ à 12 pans frappée pour les British Overseas Territory (immédiatement épuisée), la Pobjoy Mint (qui les frappe) lance un nouveau modèle pour les « British Antartic Territory ». L’Antarctique est la région sauvage la plus grande et la plus vierge de la Terre et un continent important pour la science, car c’est un laboratoire naturel qui permet d’entreprendre des recherches mettant en évidence les effets du changement climatique et la menace pour notre monde. L’Antarctique est un élément crucial du système climatique de la Terre et un baromètre sensible du changement environnemental. Le British Antarctic Survey (BAS) est responsable depuis 60 ans de la plupart des recherches scientifiques du Royaume-Uni en Antarctique et sa stratégie de recherche actuelle se concentre sur l’amélioration de notre compréhension du changement climatique. Comprendre comment l’Antarctique réagit au changement climatique est essentiel si les scientifiques veulent être en mesure d’en prédire les futurs impacts. C’est pourquoi le revers de cette pièce spéciale de 1 £, montre un iceberg au centre avec le message puissant qui l’entoure « Changement climatique – Notre plus grande menace ». Un message dont nous devons tous tenir compte pour garantir la préservation de la Terre pour tous à l’avenir. L’avers de la pièce présente une effigie de Sa Majesté la Reine Elizabeth II produite exclusivement par Pobjoy Mint.
Tom et Jerry ont 80 ans !
A les voir, on ne dirait pas… Cela fait donc un couple de personnages de bande dessinée et de dessin animé qui vient enrichir l’offre pour les collectionneurs de cette thématique. Apparus en février 1940 sur les écrans, ils ont été imaginés pard deux célèbres « cartoonists » américains William Hanna et Joseph Barbera. Il ne s’agit pas de monnaies cette fois-ci mais de petites médailles produites par le Royal Dutch Mint (Pays-Bas). Elles sont en cupronickel (33 mm, 15,5 grammes) et présentées dans de petites cartes illustrées. Grâce à un effet d’optique, vous pouvez, selon l’angle de la pièce, voir à l’avers la face du chat ou celle de la souris. Le revers porte la mention stylisée Tom and Jerry 80 years. La pièce est également disponible en or pur (999 millièmes, 38,7 mm, 31,1 grammes) frappée symboliquement à 80 exemplaires. Pour commémorer ces 80 ans de course poursuite effrénée, les studios américains ont prévu un film spécifique qui pourrait sortir en mars. A suivre !
Harry Potter envahit les îles Cook et Samoa
La franchise « Harry Potter » intéresse de nombreux instituts d’émission qui exploitent largement ce filon. La Monnaie australienne a ainsi frappé pas moins de 24 pièces d’argent pour le gouvernement des Iles Samoa sur ce sujet. D’une valeur faciale d’un demi-dollar, elles sont en cupronickel argenté (41 mm, 31,1 grammes), au millésime 2020 et ont un revers partiellement colorisé par impression. A lire les publicités, on sent une volontaire ambiguïté sur la véritable nature métallique des pièces. A la première lecture, on comprend qu’elles sont en argent 999 (pur). Ce n’est qu’en regardant en détail les spécifications qu’on se rend compte qu’il s’agit de métal argenté. L’essentiel des pièces, à l’instar de la première consacrée au héros éponyme, est consacré aux personnages de la série : Dobby, Hagrid, Hermione… Les autres présentent les armoiries des quatre « maisons » de Poudlar ou des éléments de décor comme le train à vapeur ou le stade de quidditch. Le tout est présenté dans un écrin portefeuille cartonné illustré. La clientèle visée est manifestement celle des fans. La seconde proposition des Iles Cook, s’intéresse plus aux investisseurs car les « pièces » sont plutôt des lingotins en or pur cette fois. Ils ont une valeur faciale de 5 £, un poids de 0,5 gramme et ont leurs angles arrondis (15,2 mm x 8,5 mm). Là ce sont 12 revers qui sont proposés (avec, bien sûr, Harry Potter en tête de série), un peu différents de la série précédente et non colorisés. Bref, l’embarras du choix !
Vol au musée de Berlin : derniers rebondissements
Mi-décembre, la police de Berlin a lancé toute une série de perquisitions dans des domiciles et des bijouteries, soupçonnés être en lien avec le vol d’une énorme pièce d’or canadienne de 100 kilogrammes dans un musée de la capitale allemande. Cette « pièce », d’une valeur estimée à 3,75 millions d’euros (4,45 millions de dollars américains) a été volée au musée Bode de Berlin en 2017 et n’a pas encore été récupérée. Les personnes ciblées feraient partie d’un groupe criminel qui, après le vol, aurait fait refondre cette « pièce » pour la transformer en bijoux, plus faciles à écouler. Les recherches ont également permis de découvrir des pièces de monnaie contrefaites, des outils de contrefaçon et une importante somme d’argent. Les perquisitions ont eu lieu deux jours seulement après l’arrestation d’un suspect clé dans le vol spectaculaire de bijoux du XVIIIe siècle dans un musée de Dresde l’année dernière, qui appartient à une famille criminelle liée au vol de cette pièce d’or canadienne. Ses cousins ainsi qu’un ami qui travaillait comme gardien de sécurité au musée Bode, ont déjà tous été reconnus coupables du vol de la pièce d’or canadienne et condamnés à plusieurs années de prison. Mais aujourd’hui, la justice et la police cherchent surtout à savoir ce qu’elle est devenue. Une pièce de 100 kg, ce n’est pas facile à dissimuler et encore moins à revendre !
Par carte ou en espèces ?
La question ne se pose presque plus car, en quelques mois, le Covid 19 a changé les habitudes d’achat des Français et leurs usages. Les téléchargements d’applications bancaires ont explosé car, pour effectuer un paiement, plus besoin d’un code, il suffit d’avancer sa carte bancaire ou son smartphone en direction du terminal pour entendre le bip confirmant le règlement. A tel point que, d’après la Banque de France, ce type de paiement détrônerait pour la première fois les espèces, les deux tiers des sondés français déclarant avoir réglé leur dernière transaction par carte contre seulement 26% en espèces. Néanmoins le cash reste largement la norme même si la France est l’un des pays d’Europe qui l’utilise le moins, loin derrière l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Près de six achats du quotidien sur dix ont lieu en liquide en France selon la Banque Centrale Européenne (BCE), même si la crainte (complètement injustifiée) que ce puisse être un vecteur de propagation du Covid, en a fait baisser l’usage. Ceux qui attendent la « société sans cash » en sont pour leurs frais. A commencer par les Suédois qui, après s’être engagés très fermement dans cette voie, ont fait machine arrière et réintroduisent les espèces dans la circulation. Raison invoquée : protéger la frange de population fragile et non connectée. Les raisons réelles : le risque de perte de souveraineté monétaire et surtout le danger des cyberattaques. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est l’inverse : l’US Mint (Institut d’émission américain) n’a jamais frappé autant de monnaies dans ses ateliers de Denver et Philadelphie avec une demande qui a, elle, progressé de 16% en 2020 par rapport à 2019.
Il y a 50 ans, le Royaume-Uni passait au système décimal
Imaginez la difficulté que représenta le passage à un système monétaire décimal dans un pays où les traditions sont aussi ancrées que le Royaume-Uni ! Une véritable révolution ! Mais qui était rendue indispensable par le fait que, en maintenant son antique système duo-décimal, le pays était de plus en plus isolé, d’autant que les autres pays du Commonwealth avaient déjà, peu à peu, sauté le pas. Cette expérience fut si traumatisante qu’elle servit de base à des études préparatoires réalisées pour anticiper le passage à la monnaie unique. Initiée durant le gouvernement du Premier ministre travailliste Harold Wilson, elle sera poursuivie par celui du conservateur Edward Heath. Avant 1971, la livre était divisée en 240 pence ou 20 shillings. Le Shilling valait donc 12 pence. Il avait également existé des subdivisions du penny, le « half penny » et le « farthing ». Il y avait 4 farthing ou deux halfpenny dans un penny. Cette construction duo-décimale, qui nous semble complètement incompréhensible aujourd’hui, était, en fait, la stricte poursuite du système romain. Par exemple, l’abréviation du penny était un d, symbole du denarius romain et le s de shilling venait du solidus. Le symbole £ lui-même, n’est que la transcription de la lettre romaine utilisée en abréviation du mot libra. En fait, la France utilisa un système similaire jusqu’à la Révolution avec la livre, le sou et le denier, comme les Pays-Bas jusqu’en 1816 avec le Gulden, le stuiver et le duit. C’est en mars 1966, soit cinq années auparavant, que le gouvernement britannique annonça la date du 15 février 1971 comme étant celle du D Day, comprenez le Decimal Day. L’idée était de diviser la livre sterling (£) en 100 « new pence », au lieu des 240 « old pence » antérieurs. L’opération démarra le 15 février 1971 et on s’attendait à un changement complet sous un minium de six mois. En fait, dès le 19 février les observateurs sont obligés d’admettre que le Royaume-Uni est déjà complètement passé au système décimal. Pourquoi cette date ? Simplement parce que le mois de février a été identifié comme le plus calme de l’année. La dénomination de « new pence » fut poursuivie jusqu’en… 1982 date à laquelle elles ne furent plus considérées comme nouvelles. En 2008, le système monétaire métallique est entièrement redessiné. L’originalité de ce design est que l’ensemble des revers, mis côte à côte, montre une représentation des armoiries royales britanniques. Aujourd’hui, il comporte donc 9 pièces, c’est-à-dire plus qu’avant 1971, avec l’apparition des pièces de 2 et 5 livres. Notez que, entre-temps, les monnaies de 5 et 10 pence ont vu leur taille réduite. Ce cinquantenaire valait bien d’être commémoré. Et c’est une pièce de 50 pence qui a ainsi été choisie pour support. L’avers montre le portrait de la Reine Elizabeth II… en 1971, et le revers un mélange des différentes coupures qui ont définitivement disparu en cette occasion avec, en son centre, la légende 1971 Decimal Day.
Numismatique et… vaccination
Voilà ce qu’on peut appeler un sujet d’actualité ! Et c’est une rédactrice de la très sérieuse American Numismatic Society qui s’est penchée sur cette thématique originale. Les premières médailles évoquées datent de la fin du XVIIIe siècle/début du XIXe avec la commémoration des travaux du britannique Edward Jenner sur la variole, maladie qui, à cette époque, touchait largement la population et dont un quart des malades décédaient. A partir de 1798, il met au point le premier vaccin contre la terrible maladie et hommage lui en est rendu dans une médaille due au graveur allemand Friedrich Wilhelm Loos. On retrouve cette problématique dans une médaille française de 1811. Le second chercheur le plus célébré sera Louis Pasteur, pionnier de la microbiologie, dont on connaît la mise au point du vaccin contre la rage, mais moins ses nombreuses autres recherches sur le choléra ou l’anthrax. Nombre de médailles, et pas seulement françaises d’ailleurs, lui sont consacrées et la rédactrice de cet article a également omis une pièce commémorative de 2 francs en 1995 et un billet de 5 francs de 1967. Elle s’intéresse ensuite aux découvertes de Robert Koch (recherches sur la tuberculose) et de Waldemar Haffkine (choléra).
Ruée vers l’or en Afrique
L’explosion des cours des métaux précieux a créé une véritable ruée vers l’or en Afrique qui, en 2019, a produit le quart de tout l’or mondial. Et si vous pensez tout de suite à l’Afrique du Sud (118 tonnes d’or en 2019), détrompez-vous. Elle a été largement devancée par le Ghana (142 tonnes). Et la découverte de nouveaux filons concerne désormais de nombreux autres pays. Le plus important traverse une grande partie du continent, entre le Soudan et la Mauritanie. Cette situation crée des bouleversements dans la production, mais aussi des problèmes politiques et environnementaux. Côté production, à côté des grands industriels (Canadiens en particulier, mais aussi Chinois), l’extraction artisanale (orpaillage en particulier) ne cesse d’augmenter pour représenter même 50% de la production dans la zone sahélienne. Qu’elle soit industrielle ou non, cette extraction s’accompagne d’énormes dégâts environnementaux : déforestation, destruction des cours d’eau, dégradation des terres et pollution au mercure, esclavage des mineurs… Enfin cette source énorme de revenus n’est pas sans susciter les appétits de nombreux activistes, soucieux de s’emparer de cette manne grâce au contrôle des zones aurifères que ce soit à leur propre profit ou pour financer des groupuscules armés au Mali, au Soudan, en République Centrafricaine… Et cet or « clandestin » alimente ensuite des réseaux de refonte et de vente au travers le monde entier. Preuve en est : des Etats non producteurs sont devenus des exportateurs d’or, comme le Togo. Les premiers pays de destination seront ensuite de Liban ou l’Inde, mais surtout les Emirats Arabes Unis. Mais la destination finale reste la Suisse, dont les raffineries transforment les 2/3 de l’or mondial. Et qui, dès lors, entre « blanchi » dans le commerce sous toutes ses facettes (placement, bijoux, or industriel…).