Je m’appelle Bond, James Bond !
Cette seule phrase suffit à déclencher dans notre tête la musique du générique créé en 1962 par le grand compositeur John Barry qui, depuis lors, ponctue chacun de ses films. Si ce célèbre espion britannique « au service secret de Sa Majesté », est connu de tous, on peut dire qu’il fait preuve d’une rare longévité car nous allons célébrer, en 2022, le 70e anniversaire de la sortie de son premier opus (version papier) « Casino Royale ». Et (normalement), le 25e film qui lui est consacré, « Mourir peut attendre » va (enfin) sortir sur les écrans en cette fin d’année, après de multiples reports. Les amateurs de monnaies de collection ET de James Bond peuvent se réjouir. Pour célébrer tous ces évènements, plusieurs pays ont décidé de consacrer une ou plusieurs pièces à ce héros indémodable, son environnement et sa filmographie.
Qui en est l’auteur ?
Disons plutôt qui en est l’auteur… initial. Car sur les 25 films tournés, Ian Flemming (1908-1964) n’a écrit que 14 titres. Il est né dans une famille très aisée et suivra des études dans les meilleurs établissement britanniques. Ecrivain et journaliste, il travailla pour les services secrets de la Marine (Naval intelligence) durant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui lui fournira de la matière pour ses romans. Il y a été recruté particulièrement pour sa parfaite maîtrise du français et de l’allemand par le vice-amiral John Henry Godfrey, directeur du service et qui lui inspirera le personnage de M.
Dès son premier titre, Casino Royale, paru en 1952, ce fut un immense succès populaire basé sur un héros récurent, James Bond (plus de 100 millions d’exemplaires vendus dans le monde). Celui-ci ressemble quelque peu à son créateur : il est officier (Commander) de réserve de la Royal Navy et effectue des missions secrètes pour le compte du Secret Intelligence Service, également nommé MI6. Tout en poursuivant son métier de journaliste, son succès lui permet d’acheter une villa à la Jamaïque (qu’il nomme Golden Eye) où il écrira durant deux mois chaque année, un nouveau titre de cette saga. Son succès non seulement ne se démentira pas, mais il sera encore amplifié par les films qui, depuis 1962, en ont été tirés.
Si on compare les (bientôt) 25 films portés à l’écran, on comprend assez vite les grandes lignes directrices qui les animent et, sans doute, leur assurent un succès continuel. Certains journalistes ont intitulé la série « un conte de fée pour adultes » ! S’il est un personnage de fiction, James Bond a aussi un rôle politique. Véritable fierté nationale, il incarne une Angleterre puissante avec, en toile de fond de chacune de ses aventures, les enjeux géopolitiques de son temps. C’est, ô combien vrai que, souvenez-vous, la Reine d’Angleterre elle-même a accepté de tourner le clip d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres, en 2012, avec Daniel Craig ! Jamais elle n’avait accepté de prêter son image de la sorte. La Reine a donc voulu marquer le coup et a décidé de garder le secret jusqu’au bout.
L’espion Ian Fleming a donc inventé son alter ego romanesque. Mais d’où vient ce nom ? C’est tout à fait banal : en cherchant à donner un patronyme à son personnage, Fleming tombe, dans sa bibliothèque, sur un ouvrage d’ornithologie dont l’auteur est un certain James Bond. Et c’est parti !
Voyons tout d’abord, bien entendu, le personnage lui-même. Le héros est devenu tellement mythique que, même si les acteurs l’interprétant changent, les spectateurs retrouvent à chaque fois ce qu’ils sont venus chercher : un agent parfois brutal, romantique (voire sexiste), drôle, fragile… mais toujours élégant, courageux et rusé. C’est un agent des services secrets britanniques ayant le matricule 007 (« double-zéro sept ») : le premier zéro signifiant qu’il a l’autorisation de tuer, le second qu’il l’a « déjà » fait et le 7 qu’il est le septième agent à recevoir cette autorisation.
Même s’il y a pu avoir quelques tentatives d’évolution, on le reconnait au premier coup d’œil grâce à son pistolet unique (Walther PPK), sa voiture (Aston Martin DB5), son smoking, son coktail (le Vodka Martini, au shaker pas à la cuillère)… et ses James Bond girls. Par convention, qu’elles soient partenaires ou adversaires, il s’agit toujours de femmes superbes qui ont toutes un lien affectif avec le héros. Ursula Andress ouvre le bal dans Docteur No, suivie par de nombreuses grandes actrices : Jane Seymour, Kim Bassinger, Grace Jones… Et plusieurs françaises se sont laissé tenter : Claudine Auger, Sophie Marceau, Carole Bouquet, Eva Green, Léa Seydoux… Sans oublier les inévitables « méchants », souvent extrêmement riches et excentriques, ces personnages menacent la Reine et le pays. Qu’ils veulent de l’argent, du pouvoir ou de la gloire, ils viennent troubler la paix, souvent dans le confort de demeures futuristes ou de QG extravagants. Ils travaillent souvent pour un réseau international comme le Spectre ou le SMERSH, pour mémoire, ce nom était celui du service de contre-espionnage soviétique durant la Seconde Guerre Mondiale. Là aussi, de grands acteurs ont accepté ces rôles comme Donald Pleasance, Christopher Lee, Grace Jones, Christopher Walken… Et quelques Français comme Hervé Villechaize (le nain de L’homme au pistolet d’or), Michael Lonsdale, Jean-Pierre Castaldi (et oui !), Tchéky Karyo, Simon Abkarian ou Mathieu Amalric.
De l’exotisme et des gadgets
Ian Fleming a découvert la Jamaïque lors d’une mission pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il est tombé amoureux du pays et y achète une maison en 1946 qu’il va nommer Golden Eye, du nom d’une opération qu’il a pilotée et qui visait à protéger l’accès au Détroit de Gibraltar. Son goût pour l’exotisme et le luxe ne vont cesser d’irriguer les aventures. Surtout, il faut y penser, que nous sommes dans les années 50 et beaucoup de pays décrits sont inconnus du commun des mortels. Qui plus est, ils sont toujours abordés dans un environnement de luxe. Ce qui est moins connu est que, de plus en plus, ces pays vont être choisis pour d’autres raisons plus prosaïques : coûts de tournage, avantages fiscaux, contexte politique et climatique… Toujours est-il que, le plus souvent, ce sont des sites à couper le souffle qui sont choisis pour la scène finale, toute en explosions spectaculaires.
L’autre aspect incontournable de James Bond est son usage immodéré des gadgets fournis par l’agent Q et dont la sophistication ne cesse de progresser : montre à compteur Geiger, autogire, fausses empreintes digitales, bâtons de ski-fusils… La liste est énorme. Mais, s’il lui est toujours précisé qu’il ne doit pas en abuser, voire d’essayer de les rapporter une fois la mission terminée, James Bond semble s’obstiner à les détruire. Là encore, l’évolution tend de plus en plus à se diriger vers le « placement de produits ». Car les marques sont très intéressées à ce que les millions de spectateurs qui viendront voir le « dernier James Bond » aient, à leur tour, envie d’acquérir une Rolex ou une Breitling, une Yamaha XJ 650 Turbo, une BMW Z3, ou le portable Ericsson DT 360 LECT. A tel point d’ailleurs, que les marques qui ont payé pour figuer dans le 25e opus, « No Time to Die », sont inquiètes des retards successifs de la sortie du film qui risquent de rendre les produits présentés, dernier cri au moment du tournage obsolètes deux ans après.
James Bond et la musique
Si, comme on l’a souligné, le thème musical de James Bond en fait une véritable signature immédiatement reconnaissable, les musiques de ces films ont très souvent été interprétées par de grandes vedettes de la scène. Très loin en tête vient Shirley Bassey qui interpréta les chansons de Goldfinger, Les diamants sont éternels ou Moonraker. Mais de nombreux très grands artistes contribuèrent à la popularité de la série : Tom Jones (Opération Tonnerre), Nancy Sinatra (On ne vit que deux fois), Paul Mc Cartney (Vivre et laisser mourir), Duran Duran (Dangereusement vôtre), Tina Turner (Golden Eye), Madonna (Meurs un autre jour), Adèle (Skyfall), ou, cette année, Billie Eilish (Mourir peut attendre).
Bien sûr, billets et pièces sont omniprésents dans les films mais avez-vous remarqué les 50 souverains (pièces d’or britanniques) dissimulés dans l’attaché-case de l’espion dans Bons baisers de Russie ou les faux billets de 100 Rupies qu’il distribue dans Octopussy ? En tous cas, jusqu’à la sortie de ce 25e film, il semble que la franchise « James Bond » n’ait pas intéressé les instituts d’émission qui, pourtant, avaient très largement utilisé d’autres superproductions (Star Wars, Harry Potter, Superman…) pour orner leurs monnaies de collection. Depuis deux ans, plusieurs séries officielles (entendez par là autorisées par les propriétaires de la licence 007) ont été lancées.
La Royal Mint est, bien entendu, dans son rôle en célébrant ce héros du cinéma britannique. Elle a d’ailleurs commencé dès 2018 lorsqu’elle met en circulation une série de pièces de 10 pence représentant, au travers des 26 lettres de l’alphabet, ce qui représente le mieux le Royaume-Uni. Et la lettre B échoit à l’agent 007. En 2020 elle lui rend hommage avec une collection de 3 pièces d’une valeur faciale de 5 £ dont les revers seront illustrés par la célèbre Aston Martin DB5 et par un autre véhicule unique et futuriste – la voiture sous-marine connue sous le nom de « Wet Nellie ». Une voiture construite sur mesure qui peut se transformer en sous-marin. Elle a été ainsi nommée en référence à Little Nellie, un autogire qui figurait dans On ne vit que deux fois. La troisième pièce représente le smoking de James Bond sous lequel figure la phrase « au shaker, pas à la cuillère ». Les trois monnaies de cette série, créées par Matt Dent et Christian Davies, partenaires de l’agence de design Bison Bison, s’alignent pour révéler, dans un design unifié, le nombre 007. Elles existent en métal commun, en argent et en or. Une quatrième pièce est émise, en argent et en or, également en 2020, présentant l’Aston Martin de face, sortant du canon du pistolet de James Bond. Mais là, il faut avoir un portefeuille confortable car elle est émise en version en argent et 1 kg, 2 kg et même 7 kilos ! Cette dernière, d’une valeur faciale de 7000 £, n’existe qu’en un seul exemplaire.… déjà vendu. Pour réaliser cette gamme de pièces de monnaie, c’est la dernière technologie laser qui a été utilisée, ainsi que les techniques de fraisage contemporaines et les compétences traditionnelles des artisans. Le plus grand défi pour la Royal Mint était la taille de cette pièce, la plus grosse jamais fabriquée (185 mm de diamètre, avec environ 5 mm de relief). Notez que des petits lingots d’or et d’argent sont également disponibles. Ils portent, au centre, le titre « No time to die » et, dans le champ, les titres des autres films.
Egalement en 2020, les îles Tuvalu, ont émis des pièces d’argent d’une valeur faciale de 1 $ (argent pur, 35 g et 40,9 mm). Plusieurs types ornent les revers. L’une représente une scène pleine d’action de No Time To Die, avec le graphique du titre. L’autre, le logo emblématique du pistolet Bond 007 au centre d’un canon de pistolet. Le logo du pistolet 007 a été conçu par Joseph Caroff. Il apparaît dans presque toutes les séquences d’ouverture de la franchise, et est devenu synonyme du personnage. La troisième commémore le 25e anniversaire du film Golden Eye et montre la célèbre séquence d’ouverture de ce film : le saut à l’élastique de l’agent, joué par Pierce Brosnan, du haut d’un mur de la ville à une altitude de 220 m. À ce jour, cette scène est considérée comme l’une des meilleures cascades de l’histoire du cinéma. Ce pays réédite son offre en 2021 avec une série qui se nomme « James Bond, l’héritage ». La première monnaie est consacrée à Sean Connery qui porte au revers sur la gauche un portrait colorisé (noir et blanc) de l’acteur et, sur la droite, les titres des films dans lesquels il a joué : « Dr. No », « FROM RUSSIA WITH LOVE », « GOLDFINGER », « THUNDERBALL », « YOU ONLY LIVE TWICE » et « Diamonds Are Forever » ; en bas le logo 007. On trouve aussi une série de 25 pièces de 50 cents en argent pur (15,55 g et 32,6 mm). Elles sont colorisées et consacrées aux films de la série « Les deux premières : Bon baisers de Russie et James Bond contre Dr No ».
Et pour les amateurs de billets, il existe un certain nombre de « spécimens » car, jusque là, aucune vraie banque ne s’est décidée à placer un James Bond sur ses coupures.
Reste à voir si le 25e film va réellement pouvoir sortir dans les salles et s’il provoque des vocations de numismates.
JAMES BOND en 8 acteurs
Sean Connery est le premier et, probablement, l’acteur le plus iconique de la série dont il apparait dans 6 films. Ce statut d’icone du cinéma britannique lui vaut d’être annobli en 2000 par la Reine Elizabeth II.
L’Australien Georges Lazenby fait une brève apparition en 1969 dans Au service secret de sa Majesté.
Il est suivi par Roger Moore qui, dans un tout autre style que Sean Connery, s’installe dans le costume du personnage pour sept films. Il bénéficie de sa notoriété dans le rôle de Lord Brett Sinclair dans la célèbre série Amicalement vôtre.
En 1997, c’est le beaucoup plus sérieux Timothy Dalton qui prend le rôle pour deux films.
La génération des années 2000 voit enfin arriver deux nouveaux James Bond, Pierce Brosnan et Daniel Craig pour, respectivement 4 et 5 films.
A priori, le poste serait à pourvoir car Daniel Craig a annoncé que Mourir peut attendre était sa dernière participation. Les pronostics vont bon train. Certains annoncent même que le prochain James Bond pourrait être une femme…




