LE BILLET DE Frédérick Gersal
© Monnaie Magazine 2019
« Vouloir le beurre et l’argent du beurre » est une expression connue et reconnue depuis le XIXe siècle. De nos jours elle prend un relief différent et peut-être avec plus de sens, surtout avec ces périodes de pénuries accidentelles de beurre depuis 2017, faisant à chaque fois grimper les prix. Mais de là à vouloir à la fois le beurre et l’argent du beurre, c’est plutôt une utopie, pour ne pas dire une escroquerie. Car il est impossible de vendre sa production à un acheteur, d’en toucher le prix, tout en la conservant pour la revendre.
Tout vouloir sans rien donner… Impensable !
Ou alors l’entourloupeur risque de tomber sur un client mécontent, un peu soupe au lait… qui peut en venir aux mains, voire même infliger une correction à ce commerçant peu scrupuleux, en lui faisant un oeil au beurre noir !
A ce rythme là, le commerce va très vite péricliter, le chiffre d’affaire et le beurre vont fondre comme neige au soleil, ne laissant rien au propriétaire !
Alors que l’honnêteté peut permettre de réussir dans ses affaires, de gagner un peu d’argent… bref, de faire son beurre, histoire d’en mettre dans les épinards.
Et je ne parle ici, que du beurre laitier. Car il existe aussi, depuis 1884, le beurre d’arachide imaginé et breveté par un pharmacien canadien. Connu aussi sous le nom de beurre de cacahuète. La cacahuète n’est pas une « grosse légume », mais elle peut tout de même devenir une « huile ». Elle nous rappelle aussi que parfois une personne ou une action peut « valoir son pesant de cacahuètes », c’est à dire que tout cela est sans grande valeur ! D’ailleurs on en a une preuve supplémentaire avec la traduction anglaise des cacahuètes, les Peanuts. Et quand ça « vaut peanuts » on peut affirmer que cela ne vaut rien… bref, que ça compte pour du beurre !
Mais il, existe aussi des fruits qui se glissent dans notre Histoire pour tenter de tromper les acheteurs. En vous disant cela je pense à la figue qui apparaît dans l’expression « mi figue-mi raisin », mais pour quelle raison ? Tout cela est née d’une véritable escroquerie commerciale. Les marchands vénitiens achètent à prix d’or des raisins de Corinthe qu’ils revendent à leurs concitoyens. Les commerçants grecs, ont tendance à mélanger à ces raisins de grand prix, quelques morceaux de figue séchée, de moindre valeur, pour faire bon poids… Ces cargaisons « mi-figue, mi-raisin » n’ont pas plu à tout le monde !
