Le 9 août 1601, Florimond Fleuriot, maître de la Monnaie de Nantes depuis 1573, revend la moitié de la ferme de la Monnaie à Jacques Grandamy, un marchand de draps de soie et orfèvre. Parallèlement, Grandamy était aussi en contrat avec François Mézard, maître de la Monnaie de Rennes.
Après trois années comme « commis », ou pour mieux dire « associé », Jacques Grandamy accède à la maîtrise de la Monnaie de Nantes le 1er mai 1604. Son bail est renouvelé par la Cour des monnaies le 16 mai 1608 et s’achève le 16 mai 1614. Pour ce nouveau bail, dont le faifort (enchère permettant d’obtenir la ferme d’une Monnaie) est établi à 10 400 marcs par an. C’est-à-dire que Grandamy s’engage auprès du roi à fournir chaque année deux tonnes et demie d’argent à convertir en quarts et huitièmes d’écus ! Pour cela, Grandamy prend trois associés, eux-aussi orfèvres et professionnels de la monnaie.
Le 14 mars 1608, Grandamy, déjà maître de la Monnaie de Nantes, remporte la ferme de la Monnaie d’Angers pour quatre années. À nouveau, Grandamy prend trois associés.
En signe de cette maîtrise commune, Grandamy prend un différent identique à Nantes et Angers. Celui-ci, formé d’une étoile dans un croissant, est dûment enregistré par la Cour des monnaies. Ce cumul ne gêne donc pas les autorités monétaires.
À partir de 1608, Jacques Grandamy cumule donc deux maîtrises. Pour gérer ses affaires, il a besoin de collaborateurs de confiance. Aussi décide-t-il d’associer étroitement son épouse, Agathe Mesnard, en la nommant devant notaire comme sa procuratrice. Cette décision ne devait rien au hasard, car Agathe était elle aussi habituée au maniement de l’argent : elle était fille de Pierre Mesnard et de Renée Lepoitevin, descendante de l’orfèvre angevin Jean Lepoitevin.
Au terme des deux baux conclus en 1608, Grandamy se retire des affaires monétaires. À Angers, la maîtrise change de mains en 1612, tandis qu’à Nantes c’est l’un de ses associés, François Ollivier, qui reprend la ferme de la Monnaie en 1614.
Grandamy n’avait pas mis « tous ses œufs dans le même panier ». Soucieux d’assoir son statut social et d’assurer un avenir à ses descendants, il avait investi ses gains obtenus sur la frappe monétaire dans l’achat de terres et de charges anoblissantes.
Ainsi était-il co-propriétaire de la ferme de la Bigotière en Haute-Goulaine (au sud de Nantes). Mais surtout, Jacques Grandamy avait intégré la municipalité nantaise en devenant échevin de 1609 à 1611, puis sous-maire en 1611-1612 ! Cette période marque incontestablement l’apogée de Jacques Grandamy. Plus tard, son fils François suivit les traces de son père : il est échevin de 1618 à 1620, puis sous-maire en 1620-1621. Un demi-siècle plus tard, Charles-César Chevallier, arrière-petit-fils de Jacques Grandamy, accède à la fonction suprême en étant maire de Nantes de 1676 à 1679.
Jeton de la mairie de Charles-César Chevallier, arrière-petit-fils de Jacques Grandamy. (© GPLA – Nantes ; musée Dobrée inv. N-5441-73, don Soullard) Jeton de la mairie de Charles-César Chevallier, arrière-petit-fils de Jacques Grandamy. (© GPLA – Nantes ; musée Dobrée inv. N-5441-73, don Soullard)
Jeton de la mairie de Charles-César Chevalier, arrière-petit-fils de Jacques Grandamy
(© GPLA – Nantes ; musée Dobrée inv. N-5441-73, don Soulard)
Pour garantir l’avenir de leur fils, Jacques Grandamy et sa femme Agathe Mesnard avaient déboursé la somme de 16 200 livres pour lui acheter l’office d’auditeur en la Chambre des comptes de Bretagne. Ils lui choisirent également une épouse, Claude Goureau, qui, dans sa dot, lui apportait des terres en Anjou et en Poitou.
S’étant retiré des affaires monétaires et de la vie politique, vivant de ses rentes et ayant garanti l’avenir de son héritier, Jacques Grandamy décède en 1622.
Si son nom n’a pas marqué l’histoire, son différent a quant à lui frappé des millions de pièces qui transmettent aujourd’hui encore son souvenir.
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