Va-t-on retrouver le trésor du SS Pacific ?
Le 4 novembre 1875, le navire SS Pacific (construit en 1850) quitta le port de Victoria sous le commandement du capitaine Jefferson Davis Howell avec plus de passagers que ses canots de sauvetage ne pouvaient en supporter (environ 275 passagers alors qu’il n’était agréé que pour 203). Ajoutons que ce bateau de bois avait déjà été réparé en 1861 suite à un grave accident.
Il aurait du « prendre sa retraite » en 1872 mais, du fait de la ruée vers l’or dans cette région, il subit des travaux « cosmétiques » afin de pouvoir suppléer aux besoins de ses armateurs Goodall, Nelson and Perkins Steamship Company de San Francisco.
À bord se trouvaient de riches habitants de la ville, des chercheurs d’or et des ouvriers chinois. Au moins 9 millions € d’or, au prix actuel, était stocké en toute sécurité parmi la cargaison de marchandises sèches, de charbon, de chevaux et d’opium. Cet or était, pour partie, propriété de chercheurs individuels qui rentraient chez eux et, pour l’autre partie, des dépôts provenant de trois banques : Bank of British North America, Bank of British Columbia et Wells Fargo.
Ce soir-là, en sortant tout juste du détroit de Juan de Fuca, au large de Vancouver et Seattle, au niveau de la frontière actuelle du Canada et des États-Unis, à l’Ouest, pour rejoindre San Francisco, le navire a rencontré une mer agitée et des vents forts.
Plus tard dans la nuit, l’Orpheus, un autre navire voyageant de San Francisco à l’île de Vancouver pour collecter du charbon, a repéré les lumières du Pacific près de Cape Flattery dans l’État de Washington et a manœuvré pour l’éviter. L’équipage du Pacific a tenté d’éviter une collision en inversant les moteurs, mais l’Orpheus a heurté le côté du navire venant en sens inverse. La plupart des canots de sauvetage ont chaviré avant de toucher l’eau et le navire s’est rapidement désintégré. Moins d’une demi-heure après son premier choc, le Pacific coule, emportant avec lui la quasi-totalité des passagers. Seules deux personnes ont survécu dans les eaux glaciales et les températures froides de l’automne, ce qui en fait la catastrophe maritime la plus meurtrière de la région..

Depuis lors…
Cette épave était devenue un mythe pour les fouilleurs d’épaves et autres chercheurs de trésors sous-marins et, depuis 1980, six tentatives pour la retrouver s’étaient avérées infructueuses. Elle est, enfin, sur le point de refaire surface grâce à la ténacité d’un certain Jeff Hummel, qui a consacré une partie de sa vie à la chercher. Du moins est-ce ce qu’il a indiqué à la radio-télévision canadienne le lundi 12 décembre 2022.
Pour retrouver ce navire, dont l’épave avait, en fait, été déplacée par les courants marins, cet Américain, qui a commencé ses recherches en 1993, a passé des heures à consulter des archives, à étudier les courants, à essayer de retracer la trajectoire du Pacific. « Les autres recherches ont échoué parce qu’elles reposaient entièrement sur la technologie », a déclaré Hummel. « Nous nous sommes appuyés sur deux choses : la technologie et les preuves matérielles. » Il a interrogé des dizaines de pêcheurs.
Il a même créé en 2016 une entreprise spécialisée dans la recherche d’épaves (Rockfisch) et s’est associé à la Northwest Shipwreck Alliance pour mener à bien ses recherches. Ses efforts semblent avoir payé. La trace du Pacific a été retrouvée grâce à un bout de charbon coincé dans un filet de pêche. D’après un laboratoire de l’Alberta, au Canada, il s’agit d’un morceau provenant d’une mine appartenant au propriétaire du bateau.
Après 12 expéditions sous-marines, Jeff Hummel et son équipe ont enfin fini par retrouver l’épave, dans la région où le navire a coulé. En fait l’épave avait été identifiée dès octobre 2021 grâce à un sonar mais ensuite…il a fallu attendre juillet 2022 pour en retrouver le site.