Tous les établissements monétaires au monde ont lancé, ces dernières années, une vaste campagne de séduction auprès d’une clientèle de plus en plus jeune. Le président de la Monnaie de Paris avait d’ailleurs très clairement rappelé cette priorité lors de la présentation à la presse du programme des monnaies de collection pour 2021. C’est vrai que ce “segment de population” peut constituer le vivier des collectionneurs de demain. Encore faut-il arriver à les y attirer ! Et pour ce faire, toutes les astuces sont bonnes à essayer.
Le choix des sujets : des héros de notre enfance…
Cette thématique n’apparaît pas très tôt dans la numismatique Française contemporaine. Et même, à ses débuts, reste-t-elle très ponctuelle et peu abondante. Il semble que le premier héros de ce type est le Petit Prince, de Saint Exupéry, qui apparaît pour la première fois en 2000, sur une pièce de 10 francs en argent (colorisée au revers) et 100 francs en or qui semblent plus commémorer l’écrivain que son sujet. Mais, jusqu’à ce jour, ce personnage sera indiscutablement, le plus souvent illustré et le plus vendu par la Monnaie de Paris.
2002 semble être un tournant. Tout d’abord un concours est organisé dans les écoles afin de créer une pièce en Euro pour les enfants. 30.000 scolaires y participent et créent un « 1/4 d’euro des enfants ». Le visuel de la pièce est dessiné par les élèves de l’école Jean Jaurès à Bort les Orgues en Corrèze et celui de la cartelette qui lui sert de support par celle de Salmagne dans la Meuse.
Mais cette même année vont aussi être frappées une série de 3 pièces consacrées à Gavroche et une autre, qui va s’étaler sur 3 ans, intitulée “Il était une fois…contes des enfants d’Europe”. Cendrillon y côtoie Hansel et Gretel, Peter Pan ou Blanche-Neige…. Cette thématique se poursuit en 2005 et 2006 avec la déclinaison de l’œuvre de Jules Verne au travers ses titres les plus célèbres : de la terre à la lune, le Tour du monde en 80 jours, 20.000 lieues sous les mers….

En 2007, premier retour du Petit Prince debout sur sa planète, couché dans l’herbe ou parlant avec le renard. Nous ne citerons pas l’usage de La Fontaine, qu’on eut pu considérer comme un souvenir d’enfance pour ses Fables, car il sert, en fait, de support à la série consacrée à l’astrologie chinoise débutée en 2008. En 2014, on peut noter la série commandée à Sempé sur le thème des “Valeurs de la République”, dans le cadre des pièces de 10 € à valeur faciale. Sempé est à disjoindre des personnages de BD, qui sont traités ci après, car on le connaît surtout comme illustrateur des aventures du Petit Nicolas, qui font elles-mêmes l’objet d’une série de 10 et 50 € de collection toujours en 2014.
Second retour du Petit Prince en 2015 avec une longue série de 8 monnaies de 5, 10, 50 et 200 € comprenant le célèbre « dessine moi un mouton ». En 2016, le Petit Prince voyage à travers la France comme il a pu le faire à travers les planètes. Il se balade du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest et participe aux activités qui y sont pratiquées il « fait de la voile » ou « rentre de la pêche ». Il peut aussi participer « aux courses de voitures » ou bien entendu prendre l’avion.
L’époque aussi, veut que le Petit Prince se retrouve « en terrasse à Paris », mais aussi, royauté oblige, se balade au château de Versailles. Que ce soit en montgolfière, à cheval, le personnage gambade, à la campagne aussi ou même, comble, « fait les vendanges ». On le retrouvera enfin au marché de Noël, ou en train de faire de la luge… Bref, il illustre la série des 12 pièces de 10 € à valeur faciale
A partir de là, le sujet « explose » car on le retrouve en médaille, en fonte d’art, en bracelet, en pendentif de cou, en mini médaille… et en mini-set de naissance. D’ailleurs, l’année 2021 marque le 75 ème anniversaire de la naissance de ce petit garçon et un programme spécifique lui est à nouveau dédié. Et pour accentuer le caractère internationalement connu du personnage, la légende « Le Petit Prince » y figure en 4 langues.
… aux héros de Bande Dessinée !

Par définition, dès sa naissance, ou très peu après, notre numismate en devenir va recevoir sa première série de pièces de l’année, en qualité BU, dans un étui dit « naissance ». Là encore, tous les Hôtels des Monnaies importants, exploitent ce créneau depuis longtemps. On trouve même parfois des versions « garçon » versus « filles ». Ensuite, selon les budgets (et les nouveautés) il oscillera entre un chois de monnaies de collection plus onéreuses (héros de votre enfance ou BD) à d’autres aux couleurs vives et très abordables (10 € à valeur faciale). Enfin, s’il n’a pas décidé de tout revendre pour s’acheter la dernière console de jeu, il va commencer à s’intéresser à d’autres sujets : histoire, aviation, navires, monuments…Voir même, soyons fous, s’adonner à la numismatique pure et dure, à la monnaie ancienne et, pourquoi pas antique ou médiévale. Mais là, c’est une autre histoire…
Pour rédiger cet article, nous avons un peu sondé (ce manière totalement informelle et non scientifique) les 10/18 ans pour savoir ce quels seraient, s’ils collectionnaient les monnaies, les sujets qui les attireraient. Il y a un sujet qui revient souvent et n’est pas traité, c’est l’écologie, la défense de la planète, de l’environnement. En nous replongeant dans les émissions de monnaies de collection frappées par la Monnaie de Paris, on trouve assez rarement ce sujet traité. Les plus anciennes pièces sur ce sujet semblent être celles de la série émise en 1992 pour les Terres Australes et Antarctiques Françaises (une 5 francs et deux 100 francs en argent).
Dans le même esprit, et tout de même 15 ans plus, tard, sort, en 2007, une pièce commémorant la naissance de Paul-Emile Victor et, en 2008, une commémoration de l’Année Polaire et consacrée à la Terre Adélie en 2008. Petit frémissement, en 2011, avec le goéland d’Audouin sur une pièce consacrée au WWF, on annonce une série nommée « Grandes causes »… puis, on pourrait dire plus rien, 3 pièces en presque 20 ans, c’est un peu maigre. Bien sur, on pourrait y rattacher les monnaies de la nouvelle série débutée en 2020 sous le nom de « nature de France ». Mais on est malgré tout assez loin du sujet car, la Monnaie l’annonce, il s’agit uniquement de « mettre en avant la beauté de la nature à travers trois symboles numismatiques forts le chêne, le laurier et le blé”. Alors peut être y-a-t-il là encore un sillon à creuser ?