Les fiches techniques donnent de précieux renseignements sur la monnaie, son histoire ses coutumes, ses pratiques et ses traditions… La culture numismatique est importante, elle va de pair avec la collection. Elle nous permet de pouvoir saisir toute la richesse et la profondeur de la numismatique. De nombreux collectionneurs, en particulier les nouveaux numismates, nous interrogent souvent au sujet des différents que l’on trouve sur les pièces de monnaie. Commentaires ci-dessous…
© Par François BLANCHET
Sur une pièce, les différents servent à identifier la provenance de la monnaie, et à dater celle-ci. Le différent est en petit signe de fabrique, minuscule et très discret, gravé sur la monnaie, et qui fournit des informations sur la pièce. Dans la numismatique française, on trouve souvent deux différents sur les monnaies : celui de l’Atelier Monétaire en charge de la frappe, et celui du graveur lui-même. Par exemple, sur les euros 2004 on trouve le différent de la Monnaie de Paris (une corne d’abondance) et celui du chef du service gravure, Monsieur Hubert Larivière (un cor de chasse). Ces deux différents se trouvent sur la face nationale, en haut de la monnaie, de part et d’autre du milieu de la pièce. Depuis 1973, les pièces françaises sont fabriquées en partie à Pessac (33), près de Bordeaux. Malgré tout, cet atelier délocalisé, frappe le différent de la Monnaie de Paris sur les pièces.
Les différents apparaissent en 1389
Historiquement, si les différents des graveurs se succèdent sur les monnaies, il n’en va pas de même pour celui de la Monnaie de Paris. En effet, depuis 1880, c’est la corne d’abondance que l’on retrouve sur les monnaies françaises (excepté pour certaines frappes lors des deux guerres mondiales), la Monnaie de Paris étant le seul atelier de frappe autorisé. 1880 correspond à la date de disparition définitive des ateliers de Province au profit de l’Atelier de Paris. En revanche, si vous collectionnez les pièces d’avant 1880, vous pouvez retrouver de nombreux différents symbolisant chacun l’atelier de fabrication. Souvent, on retrouve une lettre pour symboliser le différent de l’Atelier (Paris : A, Lyon : D, Bordeaux : K, Toulouse : M…). Il en va de même pour les graveurs qui ont chacun apposé leur signe sur les pièces : une tête de cheval pour Tiolier, une aile d’oiseau pour Bazor, une abeille pour Rodier, un fer à cheval pour Buquoy, un cor de chasse pour Larivière…
Avant 1791, le système était encore plus complexe, car le Directeur de l’Atelier Monétaire marquait aussi son différent sur les monnaies, en plus de celui du graveur et de celui de l’Atelier en question. A partir de 1791, un Graveur Général est nommé pour l’ensemble du Royaume, et c’est son seul différent qui figure sur les pièces, en plus de la marque de l’Atelier. Historiquement, l’histoire du différent remonte au Roi Charles VI, qui en 1389 ordonna que chaque atelier du Royaume utilise un signe pour se différencier des autres, d’où la notion de différent. Puis, sous François Ier, ce fameux signe est devenue une lettre pour simplifier un système tendant à se compliquer. Ce système a lors traversé le temps, avec les aménagements énoncés dans précédemment, pour arriver jusqu’à nous sans prendre une ride. Ainsi, l’Allemagne qui possède encore 5 ateliers monétaires aujourd’hui, affiche cinq différents sur ces euros, symbolisés par des lettres correspondants aux ateliers monétaires : A pour Berlin, D pour Munich, F pour Stuttgart, G pour Karlsruhe, et J pour Hambourg. Les différents permettent aux numismates de collectionner les pièces par ateliers et par graveurs, car bien entendu… toutes n’ont pas la même valeur.
