Quelle incroyable histoire de rançon que celle du « Franc », que l’on trouve encore à acheter, dans les dernières pages de Monnaie Magazine, votre magazine préféré, sous forme de pièces ou de billets !
Toute cette histoire débute au XIVe siècle. Le roi de France Jean II est monté sur le trône en 1350. Six ans plus tard, au mois de mai 1356, il réunit à Paris les Etats-Généraux, car il cherche l’appui sans faille des plus grands du royaume dans sa lutte contre les Anglais.
Quand il apprend que le Prince de Galles, surnommé le Prince Noir à cause de la couleur de son armure, a quitté Bordeaux avec 2.000 hommes d’armes et 6.000 archers pour s’attaquer à l’Auvergne et au Limousin, il réunit ses troupes à Paris et à Chartres et fixe rendez-vous aux Seigneurs du royaume et à leurs armées, en Touraine. A la tête de près de 50.000 combattants le roi de France passe la Loire.
12,5 TONNES D’OR POUR LA LIBERTÉ

Prenant conscience de son infériorité numérique le Prince de Galles se replie sur un plateau à quelques lieues de Poitiers. C’est là que se déroule l’affrontement le 19 septembre 1356. La bataille est terrible et malgré l’aide précieuse apportée par son quatrième fils, âgé de 13 ans, qui encourage son royal père en lui criant à chaque fois qu’un Anglais approche : « Père gardez-vous à droite, Père gardez-vous à gauche », les Français sont submergés. C’est sur ce champ de bataille où il se bat comme un beau diable que le roi Jean reçoit le titre de brave, de BON. Pourtant Jean II abandonne le combat et se livre à son ennemi. Fait prisonnier, il est emmené jusqu’à Bordeaux où il embarque à bord de la Sainte-Marie, direction l’Angleterre. Il va rester à Londres pendant quatre ans. Jean le Bon, laisse derrière lui un pays sans roi et surtout un Etat exsangue et un peuple appauvri qui doit trouver la somme faramineuse de 3 millions de livres, soit 12,5 tonnes d’or. Rançon exigée par le souverain anglais. Libéré sous caution afin de trouver l’argent nécessaire, Jean II arrive à Compiègne où il signe une ordonnance créant une nouvelle monnaie appelée : le Franc. Un nom qui rappellera aux générations futures que cette monnaie est née dans le seul but d’afFRANChir un roi, de lui rendre sa liberté.
Frédérick Gersal